Mariano Hernández (Clemente Hernández Aparicio) est né à Tolède, Espagne, le 28 novembre 1926. Ses parents, Mariano Hernández et Ascensión Aparicio, ont donné le prénom civil Clemente à leur premier fils, mais l’ont appelé « Mariano » depuis le début.
Ses parents le portent dans les bras alors qu’il est âgé d’un an, lorsque la famille débarque à Buenos Aires, Argentine. Deux frères y naîtront : Fernando et Daniel.
Il grandit à Olivos, banlieue de Buenos Aires, à quelques pas du Río de la Plata. L’école a pour lui peu d’intérêt et il préfère la compagnie de ses amis sur les rives et fait de la natation. Il participe, adolescent, à diverses compétitions et obtient des prix.
L’eau est ma seconde nature. Je m’y sens plus à l’aise en nageant qu’en marchant sur terre.
Mariano pratique également le rugby avec un très bon niveau.
À l’âge de 15 ans, il commence son apprentissage de la reliure (cuir et lettres dorées), à l’école de Artes y Oficios. Les illustrations sur les livres constituent pour lui un premier contact avec l’art.
Il fait ses premières ébauches en peinture sur papier et carton en autodidacte. Son père, don Mariano, aménage l’atelier de son fils aîné à l’arrière de la grande maison d’Olivos et ferme la fenêtre les jours de pluie pour sauvegarder livres et papiers, alors que son fils nage certainement avec ses camarades.
Il peint des scènes de quartier, des portraits d’amis, des connaissances, des détails de sa maison avec des pigeons, une série de coqs et de poules, des chevaux au pâturage.
Ces images expriment sa jeunesse et l’enchantement que la nature exerce sur lui, ce qui sera le cas toute sa vie durant.
En 1951, il rencontre Christel Hart Nibbrig, néerlandaise, dans l’atelier d’artistes d’Antonio de la Cárcova. Les deux jeunes entament une relation. Peu de temps après, Christel est enceinte.
Début 1952, dans un bateau à vapeur comme c’était le cas à l’époque, ils se rendent à Amsterdam. Mariano sera présenté à la famille bourgeoise et riche de Christel.
Les parents de la jeune-femme règlent la situation avec un mariage par procuration au Mexique. Début Mars naît Mariano (fils) à Laren. Après quelques mois passés en Hollande, père, mère et fils retournent en Argentine.
Lors de son séjour en Hollande, Mariano visite les musées d’Amsterdam, les galeries, puis le Louvre à Paris. Cette rencontre avec la peinture européenne va grandement changer son chemin d’artiste.
Dans les années 1953-54-55 sa peinture évolue vers des natures mortes sur une table ou des maternités avec enfant. Mariano Hernández produit en ces années de nombreux dessins.
Claudia naît à Buenos Aires en 1954.
Avec un ami céramiste, il fait des œuvres en faïence et réalise également une série de lithographies.
Sa première exposition a lieu à la galerie Kraid, Buenos Aires, en 1954.
Mariano et les siens partent définitivement pour l’Europe à la fin 1955.
Début 1956 aux Pays-Bas, il s’installe chez les beaux-parents, dans une dépendance annexe de la grande maison. Il se rend seul à Paris pendant un mois.
Avec sa famille, il passe l’été en Suisse et en Autriche. A l’automne, ils trouvent une maison près d’un village, Castellar, dans le collines, au-dessus de Menton avec vue sur la Méditerranée.
Toute la famille s’installe à Castellar dans les premiers mois de 1957. La maisonnette est simple, avec un petit jardin, entourée d’une nature majestueuse, derrière une grande montagne.
À Castellar, après une année un peu maussade en Hollande, s’ouvre une période féconde et heureuse ; sa peinture est plus libre, s’enrichit d’empâtements, devient expressionniste. Les sujets en sont ses enfants, les paysages, des voisins, des natures mortes. Il réalise de nombreux tableaux avec continuité jusqu’en 1959. Les toiles de Castellar révèlent d’une maturation picturale notable dans ses créations des années 50.
L’œuvre d’ Hernández tourneras progressivement vers l’abstraction en 1959.
À l’été 1957, la famille part pour faire le tour de l’Espagne sur la petite Citroën 2 chevaux, visite l’Andalousie puis retourne à Tolède où elle retrouve la famille toledane.
À l’été 1958, ils visitent Florence, Venise, passent par la Suisse et ses hautes montagnes jusqu’aux Pays-Bas, la voiture chargée de matériel de camping et d’une vingtaine de tableaux à vendre à des collectionneurs hollandais, amis de Christel. À leur retour, ils visitent l’Exposition Universelle de Bruxelles et en sont ravis.
En 1959 Mariano et Christel décident de s’installer d’abord à Amsterdam où ils rencontrent des amis peintres et le milieu artistique. Par la suite ils optent pour Paris.
Ils achètent une petite maison à Arcueil.
Ils décident de continuer à passer les mois d’été à Castellar.
Fin 1959, leur fille Gabriela voit le jour en Hollande.
Au début de 1959, il peint une fresque pour Bols, entreprise d’alcools et liqueurs, à Amsterdam.
1960, dans l’atelier d’Arcueil, dans la banlieue de Paris, il commence une série de grandes peintures dans un expressionnisme abstrait, très dense et vigoureux.
L’œuvre de 1961 et 1962 en sera la continuation et l’évolution, toujours avec des empâtements qui conduisent le peintre vers l’ abstraction. Au printemps 1962, il présente une exposition personnelle à la galerie Sothmann à Amsterdam.
Leur fille Diana naît à Paris en avril.
Eté 1962 : Christel déménage avec ses enfants en Toscane (Italie). Le couple se sépare.
En 1963, le divorce a lieu. La maison d’Arcueil est vendue en juillet.
Mariano s’installe dans un petit atelier d’artistes, place Jules Ferry à Montrouge, qui sera sa résidence pendant 10 ans. Il croise, sans entamer un lien avec lui, le photographe Robert Doisneau, qui habitait l’appartement adjacent. Lorsque Mariano Hernández travaille la nuit, le bruit de la lame qui coupe le papier photo chez le photographe, l’accompagne.
L’été il se rend à Compignano, près de Lucca, pour voir ses enfants, en vacances à Tirrenia.
60 tableaux, surtout de la période de Castellar et d’Argentine sont transférés en Italie (propriété de Christel). Les autres partent dans un garde-meuble à Paris.
Il expose à la Galerie Neufville et à la Galerie Kerchache, toutes deux à Paris.
En 1964 ses traits au pinceau deviennent moins denses, les peintures sont plus petites, ses abstractions sont plus construites, il commence à développer des signes.
L’été, il part en Espagne où il peint de nombreuses gouaches sur papier.
Il expose à la Galerie Argos, à Nantes.
En 1965, il peint deux grands tableaux, “Viva España” et “Pueblo de Santo Domingo”.
Il passe l’été à Myconos, avec Claude Jalier, sa compagne depuis quelques années.
Il peint beaucoup sur papier, les couleurs sont vives, les compositions abstraites rappelant la mer, les coquillages.
Il expose sur le thème «Espagne» – Hernández, Millares, Saura, Ortega- à la Galerie Peintres du monde, Paris.
1966, il peint de grands tableaux : “Napalm’s Boys” et “Strategic Air Napalm” contre la guerre du Vietnam, qu’il expose ensuite lors de divers événements les années suivantes.
Comme chaque année, de 1964 à 1975, il expose dans différents salons parisiens :
Salon des Réalités Nouvelles, Salon de la Jeune Peinture, Salon de Mai,
Grands et Jeunes d’Aujourd’hui.
Début 1967, il part avec Claude Jalier pour le Laos où elle a un poste officiel. Il y peint une fresque. Mariano visite également le Cambodge, la Thaïlande, le Népal. Il travaille à l’encre de Chine sur papier de riz et fait des gouaches aux couleurs vives sur des grandes feuilles de papier.
Il ramène d’Asie du Sud-Est cette figure du tigre avec un poignard entre les dents, symbole pour lui du combattant vietnamien, qu’il introduira dans de nombreux tableaux tout au long de l’année 1967.
En mai, il est de retour à Paris. Il est présent au Salon “Artistes Avec Le Vietnam”.
1968 : il découvre le film « King – Kong », de 1933 et, fortement impressionné par cette histoire d’amour impossible et par le grand gorille auquel l’artiste s’identifie, il débute la série “King Kong” qui se poursuivra jusqu’en 1975. Le chemin d’Hernández est ponctué par des cycles. Celui de King-Kong correspond à une obsession, qui se poursuivra avec des séries sur le même thème (King-Kong-caracol), le Paysan de Paris, Vénus, etc.
Sa peinture devient moins gestuelle et spontanée, se transforme en une abstraction pop en quelque sorte. Les signes prédominent, les couleurs sont pures, lumineuses, avec de grands aplats en acrylique.
Il expose en mai à Châtillon-des-Arts avec Pignon, Lora, Mirò, Matta.
Début 68, la relation avec Claude Jalier se termine. En septembre Sébastien Jalier naît à Paris. Le peintre fréquente désormais Annie Vacheyrou , avec laquelle il part vers le Sud-Ouest de la France, pour l’été. Ils se connaissent déjà depuis quelques années. Elle devient sa compagne jusqu’en 1974.
1969 : La série King Kong se poursuit et sera présentée en Mai en exposition personnelle au Musée d’art moderne de la ville de Paris.
Suivront, la Galerie Municipale M. T. Douet , Montreuil. Galerie Rive Gauche , Paris. Galerie Withofs , Bruxelles. Palais des beaux-arts de Bruxelles.
Été 1969 : Hernández peint la première d’une série de fresques monumentales qu’il réalisera pendant plusieurs années dans la banlieue parisienne. Il s’agit de l’animation polychrome (274 m carrés) à la piscine municipale de Vitry-sur-Seine.